LE PEINTRE DANS SON ATELIER PEU DE
TEMPS AVANT SA MORT
Emile Laurent MICHEL est né
le 27 octobre 1922 dans un petit village des
Bouches du Rhône. Il s’adonne
à la peinture en autodidacte depuis
1955. Artiste peintre naïf authentique,
il nous restitue un univers idyllique avec
amour et fraîcheur. Il est resté,
dans son élaboration artistique, profondément
attaché à son village, à
sa Provence natale et à la Corse où
il y avait des attaches affectives.
Décédé le 28
septembre 1994 dans son village, qu’il
avait tant aimé, je lui rends hommage
par ses quelques lignes sur internet.
Ami internaute quand tu viendras sur ce site,
prends le temps de regarder les tableaux de
ce grand peintre naïf, en ces temps de
guerre et de troubles tu y trouveras peut
être un moment de pur bonheur. Cet homme
qui avait tant souffert a réussi par
ses tableaux à reconstituer un univers
idyllique d’amour et de fraîcheur.
Depuis 1972, de nombreuses expositions
dans de multiples galeries d’art ( galeries
d’Apt, de Marseille, de Toulon, d’Aix
en Provence, de Montpellier, de Salon de Provence,
de Grenoble et d’Evian ) ont consacré
l’artiste.
LE PEINTRE AU "TRAVAIL"
TOUT UN ART
La consécration est arrivée
avec son entrée au Musée International
d’Art Naïf Anatole Jakovsky à
Nice et au Musée d’Art Contemporain
« Arteum » à Châteauneuf
le rouge.
Avant de parler de la vie de l’artiste
et de son œuvre, je me permets une brève
mais utile présentation de l’Art
Naïf.
Expression colorée d'une sensibilité
populaire, la peinture naïve est pratiquée
par des autodidactes qui ne prétendent
pas imiter les tendances artistiques de leur
temps: les différentes appellations
sous lesquelles on les retrouve - "naïfs",
"peintres du dimanche", "peintres
instinctifs" ou encore "primitifs"
- révèlent combien ils résistent
à tout classement. Ce sont les écrivains
qui, les premiers, ont attiré l'attention
sur l'art naïf. Rimbaud ne déclare-t-il
pas aimer « les peintures idiotes, dessus
de portes, toiles de saltimbanques, enseignes,
enluminures populaires ». Venus tard
à la peinture, pour la plupart d'entre
eux d'origine très modeste, les naïfs
pratiquent un art spontané, avouant
une ignorance souvent totale des techniques
du dessin ou de l'application des couleurs.
Imperméables aux recherches de leurs
contemporains, ils n'appartiennent à
aucun mouvement, et peignent avant tout pour
obéir à une impulsion personnelle.
USINE SOUS LA NEIGE
La vie et l’œuvre d’Emile
Laurent MICHEL
Nous passerons sur son enfance
heureuse au sein de sa famille, pour en arriver
au tournant de sa vie. Il en sera d’ailleurs
marqué dans son esprit et dans sa chair
pour toujours. Pendant
la seconde guerre mondiale, il est arrêté
par la police de Vichy, torturé et
envoyé dans un camp d’internement
puis dans un camp de travail nazis. Là,
il subit la faim, le froid, et l’humiliation.
Malheureux esclave des temps modernes, il
est forcé de travailler dans une gare
des chemins de fer allemands. Vision d’horreur,
choc épouvantable, le futur artiste
en sera bouleversé pour le restant
de ses jours.
La vue des êtres humains entassés
dans des wagons à bestiaux et les coups
des geôliers. Il sera marqué
à vie par le nazisme.
Atteint aux poumons, il sera rapatrié
à la libération. Soins intensifs,
pneumothorax, perte de la parole, indicible
souffrance, puis il passera plusieurs années
dans un sanatorium. Le jeune homme de l’époque
sera contraint à d’interminables
stations dans une chaise longue, avec pour
horizon les prés enneigés l’hiver,
la blancheur éternelle des sommets
l’été.
Après la crasse, l’incertitude
du lendemain MICHEL va retrouver symboliquement
le calme et la pureté dans le manteau
blanc immaculé. Alors rien d’étonnant
quand un demi siècle après les
évènements apparaissent des
fils de fer barbelés dans une peinture
évoquant une paysage idyllique, la
démarche insolite peut désorienter
le spectateur. Rien d’étonnant
encore, l’obsession de la neige purificatrice
apparaissant souvent dans ses travaux. Non
point, car l’auteur a le souvenir cuisant
d’avoir laissé, accrochés
aux barbelés acérés,
des lambeaux de son âme. Grand mutilé
de guerre, MICHEL s’adonne à
la peinture artistique depuis 1955.
LES CHEVRES CORSES
Dans son élaboration, les connotations
des périodes douloureuses de sa vie
réapparaissent avec des formes différentes.
Elles sont devenues, au fil du temps, la
signature de l’artiste. Mais il n’échappe
pas aux règles du genre puisqu’il
retourne aux sources pures de l’enfance
et fait apparaître des gamins d’un
autre temps, en culottes courtes, vêtus
de pèlerines et capuches. Il y a
aussi la volonté de miniaturiser,
sans doute l’expression du besoin
d’exercer un pouvoir de protection
à sa mesure. Ne sommes nous pas tous
de grands enfants à protéger
dans un monde violent ? Le cheminement de
MICHEL est pathétique et démontre
une réelle sensibilité aux
douleurs des hommes.
En examinant ses peintures,
nous remarquons qu’au premier plan
réside l’arbre, les racines
profondément enfoncées dans
la terre chaude et nourricière. L’arbre
au tronc massif, droit comme un «
I », fort comme un chêne, cette
force de la nature fascine l’homme
atteint dans son intégrité
corporelle. Les branches se découpent
dans le ciel et s’y intègrent
avec une harmonie visuelle unifiante, offrant
à nos regards un effet de relief
séduisant. Les ramures enchevêtrées
telles des buissons épineux, au même
titre que les barbelés, sont une
réminiscence évidente de la
souffrance endurée. L’arbre
donne aussi de pleines charretées
de bois afin de combattre le froid, ce froid
mordant, cruel, qui n’a jamais quitté
le peintre.
Parfois prennent naissance des mamelons
arrondis et superposés. Nostalgie
du corps de la femme évanouie ou
marque de douceur du peintre sensible ?
Difficile de déceler la part du tactile
et du métaphysique sans se rendre
coupable d’indiscrétion, alors
que la politesse, l’admiration, recommande
la déférence à l’encontre
de l’artiste complexe. A chacun d’entre
nous d’exercer son regard, de réfléchir,
de découvrir, de dialoguer avec l’auteur
par l’intermédiaire de ses
toiles. Les œuvres sont faites pour
cela, nous interroger, nous étonner,
nous réjouir et nous enrichir en
finalité.
Nous remarquons aussi
des illogismes de la forme et de l’espace
propres à l’art naïf.
Paysage lumineux sur lequel pèse
un ciel gris, champ visuel parsemé
de fleurs printanières quand les
feuilles rouillées de l’automne
jonchent le sol, bouquets presque aussi
hauts qu’une bête de somme,
panneaux de la circulation moderne dans
des ruelles permettant le seul passage d’un
charreton ! Il faut bien comprendre que
nous entrons là dans l’univers
intérieur de l’artiste, dans
sa « vision autre ».
LA TRAVERSE MONTCAULT
C’est aussi
parfois, de vieilles bâtisses volumineuses
érigées avec de beaux murs
ocres d’autrefois, ceinturés
par des clôtures pleines, hautes,
enduites de terre de sienne. Dans ces travaux
remarquables, les petits personnages qui
s’animent ajoutent une note de tendresse
au souci minutieux d’une perspective
impeccable.
Pendant les périodes
lyriques de l’artiste, tout bouge,
vibre et vit sous son fin pinceau. Nous
remarquons alors des travaux pleins de lumière,
une orchestration parfaite organisée
avec des couleurs pures et chatoyantes.
Les bords des chemins et les prés
irisés de fleurs. Des convois de
mules nous transportent dans un environnement
onirique. Les cimes scintillantes dans l’azur
serein attestent que la vie mérite
d’être vécue.
Regardons attentivement la poésie
est là sous nos yeux.
MICHEL perpétue l’art des imagiers
et offre à nos regards des motifs
exceptionnels. Les amateurs d’art
et les collectionneurs qui ont fait confiance
à MICHEL lors de ses expositions
à Monaco, à Marseille, sur
la côte d’azur, ne seront pas
déçus, car suprême consécration,
un des plus grands musées artistique
mondial d’art Naïf ( musée
Anatole Jakovcky à Nice) lui a réservé
un cimaise.
Emile Laurent MICHEL,
artiste peintre naïf authentique, est
l’un des gardiens de notre mémoire.
Il nous restitue avec candeur tout un mode
de vie disparue à jamais.
Le regretté Anatole Jakovsky disait
que les artistes naïfs : « cherchent
à sauver ce qui n’est pas encore
impossible de sauver. »
MICHEL a beaucoup
travaillé pour nous sensibiliser
à cette préoccupation. Il
possède la vision onirique des êtres
et des choses. Cette faculté lui
a permis de faire revivre, pour nous, toute
un époque.
Je terminerai par
cette phrase, Salut à toi l’artiste,
je ne t’oublierai jamais car tu étais
mon Père.